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lundi 19 mai 2014

Her, de Spike Jonze (2014)


Sorti dans les salles il y a peu, Her est une comédie dramatique réalisée par l’américain Spike Jonze. Celle ci raconte l'acquisition d'une nouvelle technologie par le personnage principal, Theodore Twombly, dont le métier est d'écrire pour les autres des lettres à caractère personnel. Tout juste sorti d'une rupture difficile, ce programme informatique est une intelligence artificielle, Samantha, qui s'avère être surprenante par sa capacité à évoluer sans que l'on puisse en apercevoir les limites.

Outre la thématique générale des limites de la science, ce qui est principalement développé ici relève de l'usage des nouvelles technologies, en lien direct avec les émotions et la société. En effet, tout un aspect du film relève du jugement qui est porté sur un homme inconsolable qui va choisir comme remède une intelligence artificielle.

De plus, si le ressenti du personnage principal est l'un des éléments qui monopolise l'intérêt du spectateur, ce dernier est également amené à penser celui de l'intelligence artificielle, qui est ici humanisée à un haut degré. 

Il convient donc de reconsidérer le rapport à l'autre présent dans le film. Présenté sous le prisme de la différence avec celui ci, comme souvent au cinéma, on observe une touche d'originalité par la présence d'une discordance apparente entre l'humain et la machine, d'autant plus marquée dans les scènes montrant l'ancienne vie de Theodore. 

Pourtant, c'est grâce à ce décalage que le film permet une réflexion sur la base de l'humanité et des sentiments, qui, si ils ne sont que diverses interprétations de stimulations variées, correspondent également au schéma de fonctionnement des programmes informatiques.

Bande annonce : 




Profitons également pour rappeler la sortie prochaine du film Transcendance, de Wally Pfister, qui devrait également questionner l'intelligence artificielle.






samedi 10 mai 2014

States of Grace (2014) - Destin Cretton


Réalisé par le cinéaste hawaïen Destin Cretton, States of Grace (Short Term 12 sous son titre original) raconte une "tranche de vie" de Grace, éducatrice spécialisée au passé difficile et énigmatique. 

   Si le film brasse de nombreux sujets (relations amoureuses entre les personnages, question de l'appréhension de la maternité, décalages sociaux au sein du foyer...), il semble ici pertinent de s'arrêter tout particulièrement sur la façon dont fonctionne le foyer pour enfants difficiles dans lequel travaillent Grace et son compagnon, Mason le barbu affable. Le film dépeint les histoires de certains des enfants du foyer, peu gâtés par la vie, et s'attardera principalement sur deux d'entre eux ; Marcus et Jayden. Le parallèle entre les deux est vite fait : Marcus, présent dans le foyer depuis 3 ans, approche de ses 18 ans qui l'obligeront en vertu de la loi à quitter le foyer pour rentrer dans la vie active alors qu'il souhaiterait rester ; tandis que Jayden est la nouvelle venue, difficile et réticente, qui ne souhaite pas rester.

   *La brève analyse qui suit dévoile certains légers éléments de l'intrigue (rien de capital toutefois), avis à ceux qui ne veulent rien savoir de l'histoire avant d'aller le voir en salle !*


   Marcus semble guérir petit à petit de ses blessures d'enfance, depuis que sa mère se servait de lui pour dealer de l'héroïne ; mère avec laquelle il règle ses comptes en sublimant sa rancœur dans un rap déchirant.* Sombre, tourmenté, presque mutique par moments, Marcus semble néanmoins régi par une grande volonté de vivre et de s'en sortir, ce qui transparaîtra de diverses façons au long du film.
   Le cas de Jayden est plus compliqué. Ado rebelle en pleine "crise d'adolescence", elle ne veut se lier avec personne et se montre indifférente à toute tentative d'approche. C'est parce qu'elle se retrouve en elle que Grace parvient par la force des choses à tisser un lien avec Jayden. C'est d'ailleurs cette identification (qui s'avèrera rapidement réciproque) qui réveille en Grace des souvenirs désagréables qu'elle s'était jusque là efforcée de refouler et qui est le cœur dramatique du film. 


   Ainsi dans ce centre, c'est une relation assez particulière qui doit s'installer entre les éducateurs et les enfants ; on ne doit pas être leurs amis, mais on prend soin d'eux, on est présents à leur côté et on s'efforce autant que possible de créer un environnement chaleureux et surtout sécuritaire. La frontière est souvent mince, plus que jamais entre Grace et Jayden, mais c'est en jouant avec cette ambiguïté que Grace pourra en savoir plus et tenter d'aider la jeune fille dans ses soucis. C'est une vraie question que pose ce film ; jusqu'à quel point est-il bon de respecter la distance entre enfants et éducateurs, lorsque des soupçons sérieux commencent à naître chez les professionnels ?

   D'ailleurs, tant qu'à parler du point de vue des éducateurs, les psychologues sont à deux reprises égratignés au cours du film. Sans révéler trop de points de l'intrigue, ils semblent considérés par les éducateurs comme impropres à prendre de bonnes décisions pour l'enfant, pour la simple raison qu'ils ne sont pas sur le terrain. Le film, dans sa morale et son scénario, semble aller dans le sens des éducateurs. Il serait alors bon, pour tout psychologue ou futur psychologue, de prendre en compte ce qui semble être, sinon une réalité tout du moins une vision du métier de psychologue partagée par certains professionnels du social avec lesquels le psychologue peut être amené à travailler. Les quiproquos et incompréhensions, d'un côté comme de l'autre, sont si vite arrivés...

Ici donc la bande annonce : 


*Pour les curieux, voici une courte vidéo de la scène en question :

samedi 3 mai 2014

Dracula, de Francis Ford Coppola (1992)




Dracula est un film de Francis Ford Coppola, sorti en 1992, et adapté du célèbre roman de Bram Stoker. Cette adaptation est particulièrement connue pour les interprétations saisissantes de ses acteurs, notamment Gary Oldman dans le rôle du comte, ainsi que Winona Ryder ( Mina ), Keanu Reeves ( Jonathan ) et Anthony Hopkins ( Van Helsing ).

L'intérêt du film est tout d'abord son style visuel particulier, en partie due à un manque de budget, qui est marqué par l'absence de moyens technologiques pour la réalisation du film. De plus, Coppola choisit une esthétique gothique prononcée, surtout à l'aide des costumes et des décors, qui amènent un plus dans narration, ce qui donne un cadre propice à la coexistence du monstre et de la romance .

En effet, c'est le premier film basé sur l’œuvre de Stoker qui insiste plus sur le côté maudit du comte que sur son caractère monstrueux.
C'est pour cette raison que le Coppola se permet un écart avec le déroulement de l'histoire dans le roman. L'accentuation de certains éléments, implicites dans le livre, comme par exemple le rapport érotique entre Dracula et Mina, met en avant la connotation du vampire qui désire : il s'agit donc bien d'humaniser une bête tourmentée, contrairement à ce qui a été fait auparavant, où elle n'avait rien de romantique ni de séduisant, sans en oublier pourtant le côté terrifiant.

C'est donc un point de vue différent qui nous est apporté par Coppola quant au mythe du comte Dracula, comme le sont de nombreuses adaptation à l'écran, comme le décrit cet article.

A savoir qu'un article concernant le roman de Stoker est également prévu, dans le but d'approfondir la vision originale du mythe du vampire.


Bande annonce :


lundi 23 décembre 2013

Les Autres, d'Alejandro Amenábar (2001)





 Les Autres, film d'Alejandro Amenábar sorti en 2001, raconte l'histoire de Grace et de ses enfants, Anne, la plus grande, et Charles, tous deux atteints d'une maladie rare leur interdisant le contact avec la lumière du jour. Grace est toujours sans nouvelles de son mari, parti pour la seconde guerre mondiale qui vient à peine de se terminer. Elle passe ses journées à inculquer à Anne et Charles ses principes religieux régissant la vie de la famille, qui habite une immense demeure située sur l'ile isolée de Jersey au large de la Normandie.

C'est alors que trois personnes viennent frapper à la porte du manoir, en quête de travail. Grace les accepte, ayant besoin de domestiques et d'une personne pour entretenir le parc. Ainsi, les nouveaux venus vont découvrir la vie dans ce foyer, avec ses règles et ses secrets.

Ce film, intriguant par sa situation de départ peu commune, met l'accent sur la propension humaine à justifier, ainsi qu'à accepter les évènements par divers moyen. Avec en exemple la religion, qui est utilisée par Grace comme moyen de contrôler l'ensemble des situations qu'elle traverse avec ses enfants.
Or, le réalisateur nous montre par un subtil mélange de jeux d'ombres et de lumières, d'ambiance angoissante et de flou scénaristique tenant en haleine le spectateur, l'impossibilité de maitriser le déroulement de l'action. Ainsi cette angoisse croissante et palpable chez les personnages s'introduit chez l'observateur et met en doute ce qui est perçu comme réel et ce qui pourrait ne pas l'être, en atteignant son paroxysme lors du final.

Dès lors, il est envisageable d'étudier le film par l'opposition qui y est présentée de ce qui s'offre à l'individu comme acquis et certain, la vérité pourrait-on dire, et de l'imaginaire, au sens large du terme, mettant en jeu tout ce qui n'est pas de la réalité.

Il est alors possible d'établir un lien avec ce que l'on pourrait appeler le "rêve éveillé", avec pour illustration une présentation de la notion, permettant un approfondissement du film, ici : 

L'absence de lien vers la bande annonce n'est pas un oubli mais une volonté de préserver des éléments de surprises du film en partie dévoilés dans celle-ci. Elle reste cependant facilement accessible sur des sites tels que YouTube ou Allociné.


dimanche 1 décembre 2013

Take Shelter : Après-séance

Certains éléments qui vont suivre concernent l'intrigue du film et contiennent donc des SPOILERS. Vous qui entrez en ces terres, vous voilà prévenus !



La projection de TAKE SHELTER a bien eu lieu mercredi (et a pu arriver à son terme malgré certains problèmes techniques astucieusement contournés par la fine équipe du Psynéma). Comme promis, voici le résumé de ce qui est ressorti de la discussion animée entre étudiants et professeurs de tout poil.

Les réactions à chaud du public étaient à peu près unanime : que cette fin est étrange ! Frustrante pour certains, inattendue pour d'autres, elle ne laisse en tous cas pas indifférent. Curtis Laforche, prophète ou malade ?

Cette question nous amena à considérer la question peu évidente de la frontière entre réalité et illusion. Où s'arrête la réalité et où commence l'hallucination pour Curtis, qui voit poindre à l'horizon une catastrophe naturelle dantesque ? Dans ces scènes de cauchemar, le spectateur ne distingue pas immédiatement la frontière. Le montage même du film brouille les pistes en enchainant avec une grande fluidité rêve et veille. Les lieux dans lesquels prennent place ces scènes sont très familiers pour le protagonistes (sa maison et son canapé, dans lequel sa femme et sa fille contemplaient la pluie quelques scènes auparavant ; sa voiture, son jardin...), alimentant l'impression faussée de réalité.

Mais ces rêves sont-ils si hallucinés, en fin de compte ? C'est une question que pose sans cesse le film, sans chercher forcément à confirmer l'une ou l'autre des possibilités. En expliquant avec difficulté, les yeux baissés, à sa femme ce qu'il est en train de vivre, Curtis lui confie : "Ce n'est pas qu'un rêve... c'est une sensation." De fait, chaque nouveau rêve entraine une souffrance différente chez lui ; au bras lorsque son chien le mord, à la jambe lorsque sa femme y plante un couteau. Curtis, lui, est persuadé que ce qu'il voit sont des visions prophétiques, qu'une tempête approche véritablement, que les gens perdront les pédales pour de bon. La réalité de ses visions s'en ressent jusque dans son corps.

Curtis ne cesse de voir différents membres de son entourage intervenir dans ses rêves. La souffrance qu'il en retire l'amène à mettre à distance ces mêmes personnes. Lorsque son chien l'attaque en rêve, Curtis l'enferme dehors et finit par le donner à son frère ; quand son ami et collègue le "poursuit avec une pioche", il se débrouille pour le faire éjecter de son équipe de travail... ce n'est que lorsqu'il (pré)voit sa femme l'attaquer que Curtis ose se remettre en question et fait un effort surhumain pour ne pas fuir celle-ci et garder sa famille soudée.

Car cette famille est en fin de compte tout ce qu'il lui reste (il ne peut même plus compter sur son propre jugement qu'il suspecte altéré par la schizophrénie) : sa vie sociale est peu à peu réduite en miettes. L'altercation avec son ami, son comportement inexplicable et son étrange obsession pour son abri à tornade lui a coûté son travail, sa mutuelle (si importante pour l'opération de sa fille sourde) et ses connaissances (plus personne n'ose lui adresser la parole). La scène du repas en commun illustre ainsi parfaitement cet état de fait : Curtis n'arrive pas à parler d'autre chose que de son abri et ne comprend pas l'hostilité générale à son égard ; lorsqu'il explose finalement devant tout le monde, seules sa femme et sa fille lui viennent en aide.

Nous nous sommes également interrogés sur le rôle très particulier de sa fille. Celle-ci est effectivement présente dans la plupart des rêves de Curtis. Elle demeure à chaque fois comme l'élément à protéger (du vol rase-motte des oiseaux, des fous agressifs, d'une tornade qui fait léviter les objets de la maison, etc.) Elle semble représenter la justification de l'obsession de Curtis pour protéger sa famille. Pour sauver Hannah, assaillie de toute part, il devra l'abriter. Sourde et vulnérable, elle est également la seule qui ne peut témoigner du décalage de Curtis avec la réalité. Lorsque la famille se retrouve enfermée dans l'abri, Curtis et Samantha ne s'accordent pas sur l'état de de la tempête. Lui affirme qu'il peut sentir et entendre le vent rugir et la pluie s'abattre tandis qu'elle lui assure que tout a cessé et qu'il n'y a plus de danger à l'extérieur. Au milieu de cette confrontation, la petite Hannah reste en spectatrice muette à ne pas pouvoir distinguer le vrai du faux ni prendre parti. A ce moment, elle personnalise le spectateur qui lui non plus ne sait pas à quoi s'attendre lorsque Curtis finalement se résigne à ouvrir les portes de l'abri.

Cette scène nous amène à nous pencher sur un autre point important qui fait la particularité du film : cette lutte incessante que mène Curtis contre ce qui semble être une perte de contrôle de son esprit. C'est ce qui donne toute son humanité à Take Shelter ; Curtis est pris dans un terrible combat intérieur au sein duquel s'affrontent sa certitude grandissante (cette "sensation") qu'un cataclysme approche et le doute toujours présent qu'il est peut-être en train de devenir fou (comme sa mère, qui fut diagnostiquée schizophrène alors que Curtis était enfant). Faisant preuve d'autocritique, il prend lui-même des mesures, qu'il cache d'abord à son entourage, en allant se renseigner sur la maladie mentale, en entamant une thérapie chez une psychologue... Tandis que dans le même temps il commence à agir en fonction de ses rêves en enfermant son chien, en achetant une grande quantité de vivres et en entamant la construction de cet abri à tornade qui lui tient tant à coeur. Cette lutte se fait douloureusement humaine lorsque Curtis, dans son abri, persuadé que la tempête fait rage à l'extérieur, tend la clé à Samantha en lui disant "je ne peux pas" mais en faisant confiance à son jugement.

Une autre interprétation a été soulevée quand à cet image de l'abri, à savoir la possibilité que cela représente pour Curtis un moyen de s'échapper d'un quotidien morne dont il ne veut plus. A l'image de la première scène de l'abri, lorsqu'il s'assied à l'intérieur sans penser à rien, enfin en paix. En effet, le début du film semble montrer quelques aspects contraignants à la routine de Curtis ; assister à une messe qui ne l'intéresse pas, aller à des cours de langue des signes, exécuter un travail morne... Cette obsession de construire un abri pour s'y réfugier prendrait alors un sens nouveau.

Nous avons enfin évoqué le rôle du psychologue dans ce film, rare mais néanmoins présent. Curtis se voit contraint d'aller voir un "simple" psychologue, le système américain rendant les psychiatres hors de prix et trop rares pour qu'il se permette de faire des heures de trajets pour aller en consulter un. Nous avons critiqué cette façon américaine de procéder ; en se concentrant énormément sur le "dossier" de Curtis (dans lequel était inscrite la maladie de sa mère). La parole n'est pas immédiatement laissée au patient mais plutôt à quelques faits de son histoire qui sont saisis par le psychologue sans que le souffrant lui-même n'ait pu en faire quelque chose. S'il parvient néanmoins à lier une relation satisfaisante avec sa psy et à mettre des mots sur ce qui le hante depuis ces quelques jours, tout s'effondre lorsque cette psy part sans prévenir en formation en laissant Curtis avec un autre psychologue. Notre héros ne tarde pas à sortir du cabinet pour ne plus y revenir... Voilà qui laisse une image amère de la profession, tout du moins en Amérique !



Un grand merci à ceux qui se sont déplacés et qui on participé à cette discussion. N'hésitez pas à commenter pour nous signaler des oublis pour ajouter des points qui n'auraient pas été soulevé (ou tout simplement pour exprimer votre propre point de vue sur le film !)

samedi 23 novembre 2013

Take Shelter ~ Jeff Nichols (pré-séance)

Mercredi 27 novembre, la FLSH de LaCatho organise une séance de Psynéma, c'est à dire la projection d'un film suivie d'une discussion débat autour des thématiques importantes de ce film. Le film choisi pour ce premier Psynéma de l'année est TAKE SHELTER, du réalisateur américain Jeff Nichols (Mud, Shotgun Stories), sorti fin-2011/début-2012. Peu reconnu par le public mais acclamé par la critique, Take Shelter mérite de passer une fois de plus sous les projecteurs par son approche très humaine de la lutte d'un homme contre la folie, magnifiquement interprété par Michael Shannon (Les Noces Rebelles) et Jessica Chastain (Tree of Life).


 Synopsis : "Curtis La Forche mène une vie paisible avec sa femme et sa fille quand il devient sujet à de violents cauchemars. La menace d'une tornade l'obsède. Des visions apocalyptiques envahissent peu à peu son esprit. Son comportement inexplicable fragilise son couple et provoque l'incompréhension de ses proches. Rien ne peut en effet vaincre la terreur qui l'habite... Doit-il abriter sa famille d'une tempête ou bien de lui-même ?"

Venez nombreux ! 

vendredi 15 novembre 2013

Memento - Christopher Nolan

Synopsis et détails 


Leonard Shelby ne porte que des costumes de grands couturiers et ne se déplace qu'au volant de sa Jaguar. En revanche, il habite dans des motels miteux et règle ses notes avec d'épaisses liasses de billets.
Leonard n'a qu'une idée en tête : traquer l'homme qui a violé et assassiné sa femme afin de se venger. Sa recherche du meurtrier est rendue plus difficile par le fait qu'il souffre d'une forme rare et incurable d'amnésie. Bien qu'il puisse se souvenir de détails de son passé, il est incapable de savoir ce qu'il a fait dans le quart d'heure précédent, où il se trouve, où il va et pourquoi.
Pour ne jamais perdre son objectif de vue, il a structuré sa vie à l'aide de fiches, de notes, de photos, de tatouages sur le corps. C'est ce qui l'aide à garder contact avec sa mission, à retenir les informations et à garder une trace, une notion de l'espace et du temps. 


Pourquoi j'ai aimé ce film:

       Le film alterne entre des scènes en noir et blanc et des scènes en couleur. Les premières se rapportent au début de l'histoire, et sont tournées dans le sens chronologiques. Les plans en couleur, eux, mettent en scène la fin du récit et progressent dans le sens "antichronologique". 
On a donc l'impression d'être véritablement à la place du personnage, totalement désœuvré et découvrant les informations en même temps que lui.
       Le film permet de traiter de l'amnésie et de la perte de repères qui en découle, ainsi que de s'interroger sur les stratégies possibles ou non pour y remédier.
 J'y ai vu un parallèle avec le livre Avant d'aller dormir, de SJ Watson, où l'héroïne qui souffre, elle, d'une amnésie totale, tient un journal et découvre, au fil des jours, que beaucoup de secrets l'entourent.


Pour aller plus loin, une brève réflexion sur Memento, film "anti-épistolaire" et la quête d'identité : http://www.cairn.info/revue-medium-2007-1-page-106.htm#s1n4

La bande annonce :

lundi 28 octobre 2013

Himizu de Sion Sono





Himizu est un film de Sion Sono, adapté du roman éponyme. Après s'être intéressé au couple parental dans Cold Fish et Guilty of Romance, Sono choisit comme thème principal dans ce film la vie d'adolescents, perdus après le tsunami de 2011.

L'un d'eux, Yuichi Sumida, est un jeune homme qui ne souhaites rien d'autre que d'être ordinaire, vœu complexe à réaliser étant donné la misère dans laquelle est plongé le pays tout entier, ainsi que l'éclatement familial duquel il est victime. A deux places de lui au lycée, une adolescente optimiste, Keiko Chazaw, qui n'a d'yeux que pour lui et qui rêve de passer tout son temps avec lui.

Ces personnages vont devoir faire face à l'écroulement d'une société particulièrement bien représenté dès le début du film par un long travelling laissant place à un lieu désolé rempli de débris et de boue sur lequel se joue le requiem de Mozart.
C'est sur ces décombres que l'on va assister à l'absence totale de réaction de la part de la population qui reste figée devant les ruines d'une nation qui place tout espoir de changement dans la jeunesse pourtant en difficulté. En effet, la violence et  le manque de repères dû à une déstructuration de la famille qui ont pris corps dans le malaise de la société constituent l'un des enjeux dramatique pour les personnages principaux.

On peut donc élaborer plusieurs pistes de réflexion :
Il est par exemple possible de se concentrer sur une structure familiale classique où les anciens conseillent et aident les jeunes à se développer, structure qui est largement remise en question par les relations observables entre parents/enfants. De plus, on peut constater la création d'un nouveau modèle constitué par deux êtres rejetés qui vont se retrouver afin de former un ensemble permettant d'affronter les périls de la vie qui les attendent.
Cependant, le film est également riche d'un point de vue plus personnel : La responsabilité portée sur des figures en souffrances qui recherchent tant bien que mal des moyens de suivre les valeurs auxquelles elles sont attachées.


Bande annonce:


vendredi 18 octobre 2013

BRAZIL ~ Terry Gilliam


Une société totalitaire dans laquelle la figure d'autorité n'est pas un dictateur ni même un être humain mais bien l'administration elle-même et où chaque être humain est un élément isolé et aveugle dans les rouages de ce système. Au sein de cette société, un homme rêve.

La nuit, Sam Lowry, archiviste plus lucide que la moyenne, s'échappe de cette réalité oppressante en rêvant d'un monde idyllique dans lequel il doit libérer une fille retenue prisonnière. Mais l'équilibre fragile de Lowry vole en éclat lorsqu'il aperçoit dans son bâtiment la fille de ses rêves. S'ensuit une aventure déjantée prenant vite des allures de fresque sociétale acerbe et kafkaïenne dans laquelle l'homme dit « libre » se confronte à un système violemment oppressif auquel il ne peut échapper.

Ce long-métrage de Terry Gilliam n'est donc pas qu'un simple film de science fiction romanesque. Il propose un traitement des questions déjà soulevées par des ouvrages comme 1984 de George Orwell avec un traitement différent. Le film est résolument absurde, mais d'un absurde intelligent qui pose les bonnes questions. Ces situations risibles* (d'autant plus qu'elles prennent place dans des décors bricolés typiques du réalisateur) prennent un sens alarmant lorsqu'on réalise qu'elles ne sont pas si éloignés de certains éléments de l'actualité d'alors et d'aujourd'hui...

Il est intéressant d'étudier Brazil d'un point de vue de pschologue – social notamment. L'homme au sein d'un environnement social très particulier ; où les relations interpersonnelles sont marquées par une hypocrisie sans borne, où la paranoïa règne en maîtresse, où l'ambition et la volonté d'ascension sociale priment sur tout le reste... La société de Brazil est un terrain fertile où pousse la névrose et où se dévoile un spectre fascinant de troubles psychosociaux. On est également en droit de s'interroger sur la question de l'identité, prégnante au long du film ; de la faute de frappe qui introduit la situation à la « mort » administrative d'un citoyen par effacement de données informatiques, en passant par la part de l'individuel dans une société totalitaire valorisant la désindividuation.

Voilà un film qui appelle débats et discussions, à bon entendeur !


La traditionnelle bande annonce :



Envie de vous le procurer rapidement ? C'est ici : http://kickass.to/terry-gilliam-brazil-1985-t1189337.html 

vendredi 11 octobre 2013

Jimmy P et Georges Devereux

Quel bonheur de retrouver porté à l'écran un ouvrage essentiel de l'ethnopsychanalyse
" Psychothérapie d'un indien des plaines (1951) "

jeudi 3 octobre 2013

Thirteen






Titre original : THIRTEEN (Etats-Unis)
Genre : Drame - Duree : 1H35 mnRéalisateur: Catherine Hardwicke Producteur: Jeffrey Kusama-Hinte, Michael London

Résumé :

"Dans une banlieue de Los Angeles, Tracy, une adolescente rangée de 13 ans, est sur le point de voir sa vie bouleversée à son arrivée à l’école secondaire. Supportant mal les rebuffades des autres filles sur son allure, elle entreprend de s’attirer l’amitié d’Evie, une camarade précoce et populaire. Tombant dans ses bonnes grâces après avoir volé un portefeuille et dépensé avec elle le butin en vêtements provocants, Tracy devient la compagne attitrée d’Evie, au point où cette dernière en vient presque à loger chez elle en permanence. Séchant les cours, découvrant l’univers des garçons et de la drogue, Tracy provoque l’inquiétude de sa mère Melanie, ex-alcoolique et divorcée, qui arrive de moins en moins à communiquer avec elle"


Mon avis :

Ce film nous permet de comprendre réellement ce qui se joue lors de l'adolescence comme les changements corporels, les passages à l'acte ( au niveau de la sexualité, de la drogue, de la mutilation, et de l'agressivité ...) et la recherche d'identité.
Il peut être un bon complément je trouve pour le cours de psychopathologie de l'adolescent, et illustrer vraiment ce passage de l'enfance à l'âge adulte.
Vous pouvez le trouver en Streaming sur internet en plus ! :)

Bande annonce : http://www.cinemovies.fr/film/thirteen_e88743/videos/1

Désolé pour la qualité, j'ai pas trouvé mieux.


Bon film à vous !

mercredi 25 septembre 2013

SPIDER, de David Cronenberg (2002)



 Spider est un film de David Cronenberg. Le thème favori du réalisateur depuis ses débuts a toujours été la transformation. Avec des films comme La Mouche ou Le Festin Nu, Cronenberg avait exploré les processus de transformations corporelles, organiques. Avec Spider, le cinéaste s'est essayé à un nouveau type de mutation ; la transformation mentale, avec comme matériau la folie d'un homme : Dennis Clegg. Mr Clegg sort plus de 20 ans d'internement en hôpital psychiatrique pour être envoyé en maison de réinsertion dans le quartier de son enfance. Dans cet endroit chargé de souvenirs, le personnage encore extrêmement troublé (il passe son temps à marmonner dans sa barbe, entièrement replié sur lui-même) va tenter de comprendre ce qui lui est arrivé il y a si longtemps.

Spider est excellent en soi, si l'on parvient à rentrer dedans et y rester le long du voyage intérieur de Mr Clegg, mais il devient passionnant lorsqu'il est vu avec des connaissances en psychanalyse. Soyez prévenus cependant, car c'est un film sur une introspection très progressive ; il est donc lent et laborieux, comme les recherches du protagoniste. David Cronenberg a toujours été fasciné par la psychanalyse (il a aussi réalisé le moins bon A Dangerous Method) et il a réussi le pari de proposer une vision très concrète et très fine de l'étape du complexe d'Oedipe et du rapport incestueux de l'enfant avec la Mère à travers l'expérience traumatique.

Je ne peux pas tellement en dire plus sous peine de dévoiler des moments clés de l'intrigue et vous gâcher le suspense, mais je vous conseille vraiment de prendre la patience de le voir ; ça m'a vraiment illustré certaines parties très abstraites de notre cours de psychanalyse !

Pour ceux qui ont vu le film, le Ciné Club de Caen propose une analyse très complète du film du point de vue analytique ! 
Enjoy ;-)

PS : La bande annonce ici :  http://www.youtube.com/watch?v=uTe1xiBzAws
Et pour ceux qui ont adopté le téléchargement torrent, voici un lien : http://kickass.to/spider-2002-divx-ac3-2cd-waf-t3881250.html